Fermeture des Archives départementales les 8, 9, 10 et 20 mai.

Deux œuvres contemporaines

En parallèle, découvrez dans le hall des Archives départementales, en partenariat avec le Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA, deux œuvres contemporaines :


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AGCT, filmer le plus grand nombre de visages humains de Jacques Lizène, 1971-1972

Vidéo noir et blanc, muette
9 minutes 56 secondes

« Cette œuvre se proposait d’enregistrer pendant un court instant chacun, tous les visages humains (issus tous du code génétique A.G.C.T.) existant au moment où l’œuvre a commencé à être réalisée et tous ceux qui existeront par la suite.... Il est facile de concevoir la difficulté et même l’impossibilité de compléter entièrement une telle œuvre. Elle restera inachevée par la force des choses. L’auteur néanmoins s’engage à réaliser, dans la mesure du possible et dans la limite de ses moyens, le plus grand nombre de séquences… Pour rendre l’œuvre un peu moins incomplète. »

Cette déclaration d’intention de Jacques Lizène qui apparaît au générique de ce film indique de manière explicite sa position et son esthétique. Se définissant comme « petit maître liégeois de la deuxième moitié du 20e siècle, il pratique un art qu’il qualifie lui-même de « médiocre ». Il explore le ratage qu’il pousse d’ailleurs toujours plus loin, le situant ainsi à contre-courant de valeurs communément liées à l’art telles que le génie, le talent ou le succès. Il prône, au contraire, comme avec ce projet par essence voué à l’incomplétude, la valorisation de l’échec et le « bâclage formel ».

Les lettres A, G, C et T désignent les quatre bases azotées qui composent le code génétique porté par l’ADN (adénine, guanine, cytosine, thymine).


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Décorum « Ma Thérèse » de Camille Lavaud, 2020

Encres sur toile
213 x 296 cm
Don des Amis du Frac Nouvelle-Aquitaine-MÉCA

La toile Décorum « Ma Thérèse », réalisée dans le cadre d’une résidence au Frac, fait partie d’un vaste projet transmédia de l’artiste Camille Lavaud réunissant dessins, séquences de films, une édition, ainsi que des décors immersifs. L’ensemble s’inspire du célèbre roman de François Mauriac, Thérèse Desqueyroux (1927), et du film éponyme (1962) du réalisateur Georges Franju, grand maître du cinéma d’épouvante. Le texte de l’écrivain, d’origine bordelaise, s’appuie sur une des premières affaires de mœurs médiatisée ayant défrayé la chronique, « l’Affaire Canaby » (1906), un fait divers au cœur duquel une femme, Henriette Canaby, est soupçonnée d’avoir tenté d’empoisonner son mari. Le film transpose cette histoire à l’écran, avec les protagonistes incarnés par Philippe Noiret, Sami Frey et Emmanuelle Riva, en se déroulant notamment dans les Landes, au sein de la bourgeoisie locale, celle des sylviculteurs. Après des recherches à la Cinémathèque Française, au centre François Mauriac de Malagar, aux archives de la ville de Fougères (ville natale de Franju) ainsi qu’une résidence au Chalet St Symphorien (ancien lieu de villégiature de la famille Mauriac), Camille Lavaud propose une troisième interprétation de cette histoire et de ce personnage, en tenant compte des précédentes versions, le film et le roman, pour conserver son caractère vivant et intemporel. Décorum « Ma Thérèse » est caractéristique de l’esthétique et de l’univers anachronique (parfois autobiographique) de l’artiste. En effet, ses œuvres revendiquent ouvertement des sources d’inspiration tels que les romans policiers et les films noirs des années 1950-1960, dont elle retient les codes pour mieux brouiller les pistes et prolonger le mystère de ce récit à tiroirs.