Fermeture des Archives départementales les 1er, 8, 9, 10 et 20 mai.

Parcours de l'exposition

Alphonse Bertillon (1853-1914) est une figure majeure de l'histoire de la police. Issu d'une famille de scientifiques, il intègre en 1879 la préfecture de Police de Paris comme simple employé. Chargé de copier et de ranger les fiches d'identification des prévenus, Bertillon constate la grande approximation des pratiques alors développées en la matière. Dès lors, il entreprend d'élaborer un système inédit de classement s'appuyant surtout sur une dizaine de mensurations osseuses réalisées sur le corps humain.

Des visites guidées sans réservation sont déjà proposées le mardi à 15h00, le vendredi à 10h00, le samedi à 16h30, le dimanche à 14h30 et 16h30. 


Mensuration anthropométrique du diamètre bipariétal (jpg - 27 Ko)

Mensuration du diamètre bipariétal.

« MENSURER » LES CORPS POUR LES FAIRE PARLER

La France adopte le 27 mai 1885, une loi qui institue la « relégation » en Guyane et en Nouvelle-Calédonie des délinquants récidivistes. L’application de ce texte implique une identification précise de ces individus, propice à l’essor de l’anthropométrie judiciaire que Bertillon applique à la préfecture de police de Paris à partir du début des années 1880. Désormais, tout individu arrêté par la police est précisément « mensuré », avec de nouveaux instruments (toises, compas d’épaisseur, pieds à coulisse, etc.).


La photographie au palais de justice (jpg - 50 Ko)

La photographie au palais de justice

LA PREUVE PAR L’IMAGE

Au début des années 1870, le service photographique de la préfecture de police de Paris commence à confectionner des clichés de personnes déférées au Dépôt et de « criminels de marque ». Avec Bertillon, la photographie devient véritablement « judiciaire ». En 1888, il fait aménager un atelier spacieux et fonctionnel. Désormais, le portrait sera pris de face et de profil, dans des conditions de pose et d’éclairage identiques, sans retouche, d’une grande qualité et d’un format normalisé.


Panneau représentant les particularités du nez à des fins d'identification des personnes, réal (jpg - 40 Ko)

Extrait de panneau représentant les particularités du nez

LE « PORTRAIT PARLÉ »

Bertillon distingue les individus comme un botaniste classe les plantes, suivant leurs caractéristiques physiques. Chaque élément de leur visage est observé, décomposé, ordonné et décrit à l’aide d’un langage complexe. On ne se contente plus par exemple de termes évasifs pour qualifier un nez. Ce sont dorénavant toutes les « régions » le constituant qui sont caractérisées. Les informations morphologiques mais aussi chromatiques (sur les cheveux, l’iris, etc.) permettent une identification plus rigoureuse des malfaiteurs et la reconnaissance policière d’individus recherchés.


Planche extraite de l'étude des dépositions de M. Bertillon et du Capitaine Valério au Conseil de Gu (jpg - 84 Ko)

Planche extraite de l'étude de la déposition de M. Bertillon

L’AFFAIRE DREYFUS

En janvier 1895, le préfet de police Louis Lépine dote le service parisien de l’Identité judiciaire d’un « Laboratoire d’Identification graphique ». Bertillon publie un ouvrage intitulé La comparaison des écritures et l’identification graphique dans lequel il insiste notamment sur le rôle déterminant de l’agrandissement photographique. En octobre 1894, les autorités lui confient en effet l’analyse des fragments d’une correspondance censée prouver les faits d’espionnage dont est accusé le capitaine Alfred Dreyfus (l’envoi de documents secrets à l’Empire allemand). Bertillon développe la thèse complexe de « l’autoforgerie » afin de prouver la falsification de son écriture par Dreyfus lui-même. Les membres du premier conseil de Guerre adoptent ses conclusions : Dreyfus a contrefait son écriture. Celui-ci est déporté sur l’île du Diable en Guyane. Dès lors, les Dreyfusards et une large partie de la presse accuseront Bertillon d’antisémitisme et de soutenir un mensonge d’État.


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Démonstration de l’appareil photographique plongeur

TRACES, INDICES ET SCÈNES DE CRIME

Bertillon est le principal expert policier à exploiter les traces digitales mais aussi palmaires, plantaires, d’outils, etc… L’essor de ces pratiques doit beaucoup au succès de Bertillon dans l’affaire Scheffer, en octobre 1902. Il est le premier au monde à identifier un meurtrier, non présent sur les lieux du crime, à partir de ses traces digitales retrouvées sur place. En 1907, il met au point un « appareil plongeur » qui, reposant sur un trépied de plus de deux mètres de hauteur, photographie verticalement les victimes sans les déplacer. Bertillon invente aussi la « photographie métrique » qui documente précisément les lieux de meurtres : position du cadavre, traces, disposition du mobilier, accès …


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Carnet anthropométrique d’une « nomade », 1913

POPULATION SOUS SURVEILLANCE

Dès la fin du XIXe siècle puis, au début des années 1910, Bertillon joue un rôle important dans la lutte contre les anarchistes, d’abord contre Ravachol, puis contre les « anarchistes en auto » de la bande à Bonnot. Ses méthodes d’identification servent encore à contrôler d’autres catégories de personnes : dans les colonies, les populations « indigènes » et sur le sol national, les « nomades » à qui l’on impose le port obligatoire d’un carnet anthropométrique d’identité.


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Exposition universelle de Chicago, 1893

UN MODÈLE POUR LES POLICES DU MONDE ENTIER

Le Bertillonnage suscite un grand intérêt à l’étranger où le service parisien de l’Identité judiciaire s’impose comme un modèle incontestable d’efficacité. À travers ses publications, mais aussi à l’occasion des expositions universelles - à Paris en 1889 et 1900, à Chicago en 1893 – où Bertillon subjugue les visiteurs. Celui-ci prépare l’avènement de la coopération policière transfrontalière, notamment à partir de 1923 avec la Commission internationale de police criminelle (ancêtre d’Interpol).


En écho au thème de l'exposition, découvrez deux œuvres contemporaines présentées dans le hall des Archives !