Si le phare de Cordouan, le plus vieux de France, a connu, au cours des siècles, comme tous les autres phares, des mutations techniques et a même parfois servi de lieu d’expérimentation aux innovations technologiques, c’est surtout dans l’histoire de l’architecture qu’il occupe une place à part.
Fait unique depuis l’Antiquité, il n’est pas seulement un ouvrage d’art utilitaire, mais aussi un monument, ce qui établit sa filiation directe avec le phare d’Alexandrie.


Conçu comme un monument par Louis de Foix, lequel a persuadé le roi Henri IV de construire « un merveilleux édifice » symbole de la royauté, ce phare providentiel doit conduire les Français et les assurer « contre la rage future et les furieux abois des tempestes et orages nonpareils… ».

Au cours des quatre siècles suivants, les restaurations et modifications, rendues nécessaires par l’état de dégradation du phare et l’évolution des techniques d’éclairage, ont grandement modifié son aspect initial. Cependant, l’essentiel du chef-d’œuvre de Louis de Foix a été respecté.

Sciences et techniques au service de la navigation >

Signaler le littoral le plus loin possible, donner des points de repère aux marins à l’approche des côtes, les guider dans les passages dangereux, du premier feu de bois allumé sur la grève au puissant phare électrique : depuis la plus haute Antiquité, les hommes ont cherché à rendre la navigation plus sûre.

Les origines >

Plusieurs tours ont vraisemblablement précédé celle édifiée vers le milieu du XIVsiècle sous le Prince Noir, Edouard prince de Galles (1330-1376), fils aîné du roi d’Angleterre et duc d’Aquitaine, Edouard III, qui l’a nommé gouverneur à vie de la Guyenne.

La tour de Louis de Foix >

A la fin de 1581 ou au début de 1582, une commission d’experts nommée par le roi Henri III est envoyée à Cordouan. L'un de ses membres, Louis de Foix, ingénieur et architecte, déclare qu’il faut « restablir et rédiffier » la tour. Le roi le charge de la reconstruction.

Les restaurations sous Louis XIV >

La guerre contre la maison d’Autriche et la Fronde terminées, Colbert, réorganisateur de la marine royale et de la marine de commerce, ordonne « le rétablissement de la tour de Cordouan ». De 1661 à 1664, sont menés des travaux de restauration et d’embellissement.

Les travaux au cours du XVIIIe siècle >

En 1717, le lanternon, calciné par le feu à l’huile de baleine, est démoli et un foyer provisoire, au bois, établi sur la galerie au sommet de la coupole. Cette diminution de la hauteur du feu entraîne les protestations des marins.

L’évolution du XIXe siècle>

En 1823, le premier appareil lenticulaire à système tournant du physicien Auguste Fresnel est expérimenté à Cordouan.

En 1854, la lanterne est agrandie pour y loger un nouveau système à anneaux catadioptriques (appareil combinant les effets de la réflexion et de la réfraction de la lumière).

Les améliorations du XXe siècle>

Actuellement, le phare, équipé d’une lampe de 6000 watts alimentée par trois groupes électrogènes et d’une portée d’environ 40 kilomètres, est identifiable par des caractères qui lui sont propres : un feu à trois secteurs (blanc, rouge et vert) avec trois occultations toutes les 12 secondes.