Notez bien ! Les Archives départementales (salle de lecture et exposition comprises) seront fermées au public toute la journée du 1er avril. Le 3 avril, la salle de lecture sera fermée toute la journée tandis que l'exposition sera fermée uniquement le matin et réouvrira à 14h00.

Découvrez ici notre exposition « Villes en Gironde au Moyen Âge » et les manifestations associées !

Présentation par Laurent Véray - « Forfaiture » (1915) de Cecil B. DeMille : un film américain déterminant pour l’histoire du cinéma français

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Sessue Hayakawa dans Forfaiture de Cecil B. DeMille, 1915.

La Première Guerre mondiale provoque une baisse conséquente de la production cinématographique française et favorise l’entrée des films américains sur le territoire national. Parmi ces films qui traversent l’Atlantique, dont les aspects modernes et le naturel des situations représentées sont loués, le plus important, en termes d’impact culturel, est Forfaiture (The Cheat) de Cecil B. DeMille.

Forfaiture est une œuvre majeure des années 1910. D’abord parce que ce film de Cecil B. DeMille, au-delà de sa perfection technique, possède des qualités scénaristiques et esthétiques qui lui sont propres. D’emblée, les qualités du scénario de Forfaiture, solidement ficelé, dont la simplicité et l’efficacité n’égalent que la sûreté du trait de sa mise en images, sont unanimement saluées par les journalistes et les professionnels du cinéma. Les usages spectaculaires ou narratifs des plans rapprochés et des éclairages de type clair-obscur frappent également les contemporains et emportent leur adhésion. Le film suscite un fort enthousiasme en France, en pleine période de guerre et de découverte du cinéma américain. L’écrivaine Colette, parmi d’autres, est émerveillée par la subtilité du jeu de l’acteur principal, Sessue Hayakawa, qui inquiète et fascine tout à la fois. En France, Forfaiture marque le début d’une prise de conscience des immenses potentialités du médium cinématographique. Selon Louis Delluc, il démontre « la puissance future de l’art cinématographique ».

Découvrez la puissance du film et son impact au long cours dans le champ culturel français qui ne sauraient se limiter à la présence hypnotique du tragédien japonais. En effet, avec « Forfaiture », la preuve est faite, en 1916, que le cinéma est un art.

Laurent Véray est professeur à l'université Sorbonne Nouvelle, membre de l’Institut de recherche sur le cinéma et l’audiovisuel de l’université Sorbonne nouvelle et porteur du projet ANR Ciné08-19. Il est le commissaire de l'exposition « Ils y viennent tous... au cinéma ! » L'essor d'un spectacle populaire (1908-1919).