L’exposition Filmer les procès, un enjeu social - De Nuremberg au génocide des Tutsi au Rwanda, conçue par les Archives nationales, présentée aux Archives départementales de la Gironde du 30 mars au 4 novembre 2022, propose une immersion unique au cœur de huit procès pour crimes contre l'humanité. Elle est complétée par la présentation de documents issus de l’instruction du procès contre Maurice Papon et d’une sélection de planches et dessins d’audience du dessinateur et caricaturiste Riss, envoyé spécial de Charlie Hebdo à Bordeaux pour y suivre les débats.
Les archives audiovisuelles de la Justice, pour la première fois montrées au public dans le cadre d’une exposition exceptionnelle, offrent l’occasion d’une immersion unique dans la poignée de procès intégralement filmés et conservés. Grâce à la loi du 11 juillet 1985 promue par le ministre de la Justice de l’époque, Robert Badinter, les caméras ont pu pénétrer dans les prétoires de procès hors norme d’acteurs de la Shoah, de la dictature chilienne et du génocide des Tutsi au Rwanda. |
Ces archives historiques plongent le public dans des débats judiciaires contradictoires, mettant en jeu l’examen de crimes contre l’humanité, de crimes de génocide et l’attribut de compétence universelle des tribunaux français. L’exposition Filmer les procès un enjeu social montre des extraits issus des 2 600 heures de tournage, ainsi que des extraits des procès inauguraux de Nuremberg (1945-1946) et d’Eichmann à Jérusalem (1961). Dans une approche réflexive, l’accent est mis sur l’enjeu social de ces procès qui sont garants des valeurs démocratiques, dans des montages thématiques spécialement conçus pour l’événement.
Peu d’entre nous ont assisté au déroulement d’un procès. Le plus souvent, ce sont les images issues d’œuvres de fiction ou des dessins croqués sur le vif qui ont imprimé dans l’imaginaire collectif une représentation de l’acte de juger. Depuis la loi 85-699 du 11 juillet 1985, due à l’initiative du ministre de la Justice Robert Badinter, 2 600 heures d’enregistrements d’archives audiovisuelles historiques ont été tournées puis versées aux Archives nationales.
L’exposition restitue au public huit procès majeurs :
Ils s’inscrivent dans l’héritage des deux premiers procès historiques filmés dans le monde, celui des plus hauts responsables nazis à Nuremberg (1945-1946) et celui d’Adolf Eichmann à Jérusalem (1961).
Les enregistrements procèdent d’un formalisme codifié par la loi. Pour chaque procès, des instructions sont données aux opérateurs de prise de vues, la caméra devant suivre le droit fil de la parole. Se succèdent des procès filmés sur pellicule puis en vidéo, avec des cadreurs dans le prétoire puis avec des caméras pilotables à distance. La diversité des espaces de jugements, des lieux de crimes, des époques et des cultures montre l’évolution juridique et la façon dont on peut filmer des procès. Filmer renforce la transparence des débats et joue ainsi un rôle important dans la vie démocratique. L’image permet donner à voir le comportement des protagonistes, accusés et témoins, juges et procureurs généraux, avocats de la défense et avocats des parties civiles. Au fil des audiences, ils nous accompagnent dans l’approfondissement de la compréhension des événements, des parcours de vie, des prises de conscience et des coups de théâtre qui en forment la dramaturgie.
Grâce à l’archive filmée, les visiteurs peuvent prendre connaissance de procès à haute valeur historique dans un parcours de projections d’une durée de 2 h 50, en même temps qu’ils sont invités à réfléchir sur l’acte de filmer comme conditionnant l’acte de regarder.
Une exposition présentée aux Archives départementales de la Gironde du 30 mars au 4 novembre 2022 ; inauguration le vendredi 6 mai 2022.
L’exposition Filmer les procès : un enjeu social a été réalisé en partenariat avec l'IHTP. Adaptation de l'exposition aux Archives départementales de la Gironde par l'équipe des Archives départementales, avec le concours des services départementaux. Adaptation graphique et scénographique : Rébus (Frédérique Augry et Geoffroy Simon) |