Alphonse Terpereau >

Alphonse Terpereau

Autoportrait, sans date, épreuve sur papier albuminé, H. 10,5 cm ; L. 6,4 cm (BM Bordeaux)

Par un curieux hasard, Alphonse Terpereau, que l’on peut considérer comme le fondateur de la photographie documentaire en Gironde, est né en 1839, l’année de la révélation au public de la photographie par l’Académie des sciences. Lorsqu’à 23 ans, il fonde son premier atelier, la technique du papier albuminé remplace les anciens daguerréotypes et calotypes. En même temps, ingénieurs, scientifiques, savants et archéologues s’emparent de la photographie jusque là cantonnée dans les traditionnels portraits et paysages pittoresques.

Dès le début de sa carrière, Terpereau a su séduire une clientèle vaste et diversifiée. Il s’inscrit dans le circuit commercial de la gravure dont il reprend les usages et les codes : la signature « A. Terpereau, phot. » rappelle celle des graveurs ; le cadre foncé autour de l’image imite la « cuvette » de la gravure sur cuivre. Il diversifie les supports de ses images afin de conquérir le plus large public. Il produit des images de petit format accessibles au plus grand nombre, des images de moyen format destinées à être encadrées ou de luxueux albums réservés à de riches bibliothèques. 

1 document

La technique photographique

Carte publicitaire, sans date, épreuve sur papier albuminé, H. 10 cm ; L. 14 cm (Bibliothèque munici

Les photographies originales présentées dans cette exposition sont des épreuves sur papier albuminé. Ce terme vient du fait que les sels d’argent photosensibles sont maintenus sur une feuille de papier par une couche d’albumine d’oeuf. Ces images, produites majoritairement entre 1860 et 1890, ont un aspect satiné et une tonalité qui va du gris au miel.

Dans un premier temps, son travail est marqué par un soin particulier apporté au point de vue et au cadrage. L’espace entre le motif principal et le bord de l’image est toujours justifié par des effets de symétrie. Il arpente souvent les toits de la ville afin d’intégrer le paysage urbain dans ses images. Tout en privilégiant les vues frontales, il fait fusionner les formes et les organise en masses compactes dans des compositions dynamiques. Il fait évoluer son style par l’utilisation de coupes et la juxtaposition de formes qui aboutissent à la création de hors-champ et à la compression de la profondeur. Les diagonales de l’image se superposent à celles de la feuille, soulignant ainsi la matérialité du support.

Dans un second temps, il réalise de véritables polyptyques qui intègrent les édifices et les ouvrages d’art dans de vastes panoramas. Ses vues s’échelonnent dans le temps et dans l’espace, ce sont de véritables reportages mettant en évidence les différentes étapes d’un chantier. Parfois, il crée des effets cinétiques en passant d’une vue frontale éloignée à une vue rapprochée en contre-plongée. Un traitement particulier, effectué à la prise de vue et au tirage, sou la multiplication des vues, la simplification des masses, la géoa technique photographique

1 document

Chronologie

1830

 


Alphonse Terpereau est né à Nantes le 14 juin 1839. Il est le fils de Jean Julien Terpereau et d’Amélie Elisa Dolley, confiseurs.

1860

En 1861, il entre dans l’atelier du photographe François Gobinet de Villecholle, dit Franck, qui enseigne la photographie à l’École polytechnique et à l’École centrale. En 1862, Terpereau se rend à Arcachon, ville balnéaire, qui à cette époque s’agrandit sous l’impulsion des banquiers Emile et Isaac Pereire. Il photographie les villas et leurs locataires. En 1865, il déménage son atelier à Bordeaux. L’ingénieur Louis Lancelin, directeur du Service des travaux publics de la ville, lui demande de photographier d’anciennes rues avant leur élargissement.

 

1870

Entre 1872 et 1877, il photographie la construction du bassin à flot de Bordeaux pour Stanislas de Laroche-Tolay et, en 1878, le système de cales sèches de Théophile Labat à Lormont (Gironde). En 1873, il est membre fondateur de la Société archéologique de Bordeaux, en 1875, membre de la Société de géographie commerciale de Bordeaux, en 1876, membre fondateur du Club alpin français section Sud-Ouest.

 

1880

Entre 1880 et 1886, il travaille pour les ingénieurs de la Compagnie des chemins de fer du Midi et photographie de nombreux ponts construits notamment par Boyer, Eiffel, Prompt et Séjourné dans le Sud-Ouest. La qualité de son oeuvre, remarquée au cours de diverses expositions, lui vaut de nombreuses récompenses : Bordeaux : 1865 et 1882, Lyon : 1872, Santiago du Chili : 1875, Paris : 1867, 1878, 1889, Toulouse : 1878, Haïti : 1881, Hanoï : 1885, Moscou : 1891 Il est nommé officier d’Académie en 1885 (palmes académiques) et reçoit une médaille d’or à l’Exposition universelle de Paris de 1889. Il est alors photographe officiel au ministère de l’Instruction publique et des Beaux-arts ainsi qu’au ministère des Travaux publics.

 

1890

Alphonse Terpereau décède à Bordeaux le 10 septembre 1897. Son fils Franck, élève à l’Ecole des Beaux-arts de Bordeaux, reprend momentanément l’atelier avant de s’installer à Paillet (Gironde) comme vigneron.

1 document