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Collection Marcel Chatillon

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Présentation du fonds

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  • Répertoire numérique de la sous-série 61J
  • Historique de la conservation

    Collectionneur de tableaux, il arpente les libraires, marchands d'autographes, galeristes ainsi que toutes les ventes publiques en Europe, et même en Amérique, pour constituer en un demi-siècle un ensemble exceptionnel d'ouvres d'art, de gravures et de manuscrits qu'il a, dans le même temps, généreusement prêtés en toute occasion pour des expositions. Celle qu'il réalise avec les Archives départementales de la Guadeloupe à Basse-Terre en 1989 pour la célébration du bicentenaire de la Révolution, intitulée " Images de la Révolution aux Antilles est un modèle du genre par la qualité et l'importance des pièces présentées. En 1998, il présente à nouveau ses collections à la bibliothèque Mazarine à Paris sous le titre " De la découverte à l'émancipation : trois siècles d'histoire antillaise..." L'année suivante, en 1999, le musée d'Aquitaine à Bordeaux présente lui aussi sa collection sous le titre " Regards sur les Antilles " : ce sont alors 193 objets, gravures, dessins, manuscrits ou tableaux qui retracent l'histoire de la présence européenne depuis le XVIe siècle jusqu'à nos jours.

    Marcel Chatillon a également prêté ponctuellement des objets ou des pièces manuscrites à différentes expositions locales comme celle organisée en 1980 par les musées de Nantes et de Bordeaux sur le thème de " La vie aux Antilles aux XVIIe et XVIIIe siècles " ou celle des Archives nationales à Paris en 1992, " Voyage aux îles d'Amérique". Il a même confié pour publication certains documents de sa collection comme la correspondance de Désiré Fleuret, architecte parisien installé à la Martinique sous le Second Empire qui a fait l'objet d'un article de Gabriel Debien en 1976 .

    Le fil conducteur de la collection est avant tout la représentation iconographique à travers le regard européen sur les Antilles et l'Amérique de la conquête jusqu'à l'émancipation du XIXe siècle. A cet égard, Marcel Chatillon s'est intéressé particulièrement à Saint-Domingue, perle de la colonisation française au XVIIIe siècle, et à son devenir. La période de la Révolution et les thématiques de la traite et de l'esclavage font partie également de ses critères de sélection dans la constitution de sa collection : les pièces qui traitent de ce thème sont nombreuses, y compris celles relatives à des personnages comme Brissot, Mirabeau, l'abbé Grégoire et Schoelcher dont la célébrité est liée au combat anti-esclavagiste. Le thème plus général de la marine l'a enfin attiré dans la mesure où l'activité maritime de la France est largement concentrée autour de l'Amérique et des Antilles jusqu'à la première moitié du XIXe siècle.

    Marcel Chatillon a dès l'origine eu l'intention de léguer son exceptionnelle collection à des institutions publiques capables d'en assurer la conservation et la diffusion. Grâce à des contacts pris par mon prédécesseur, Melle Danièle Neirinck, son choix s'est porté à la fin de sa vie vers la ville de Bordeaux et le département de la Gironde dont les rapports historiques avec les Antilles lui ont paru déterminants pour justifier sa décision.

    A la bibliothèque Mazarine, ont été légués les ouvrages précieux parmi lesquels on distingue le manuscrit autographe des Mémoires du père Labat, les Vues de Saint-Domingue de Moreau de Saint-Méry, la traduction espagnole de la Vie de Dessalines par Dubroca publiée à Mexico en 1806 et les papiers de la Société des Amis des Noirs de Brissot. Au musée d'Aquitaine à Bordeaux, sont revenus les ouvres d'art et documents figurés (dessins, gravures, cartes, estampes) les plus importants (environ 600 pièces). Le troisième lot représente celui des Archives départementales de la Gironde.

    • Présentation du producteur

      Le docteur Chatillon, chirurgien de son état, est né à Lyon le 23 novembre 1925. Installé en Guyane en 1953, il commence sa carrière à l'hôpital de Cayenne. En 1955, il s'installe pour deux ans à Marie-Galante et en 1957, il devient chirurgien à Pointe-à-Pitre jusqu'en 1983. Très tôt, il s'intéresse à l'histoire et au patrimoine des Antilles et à celle de la présence française en Amérique. Ses premières acquisitions de manuscrits datent des années 1950.

    • Présentation du contenu

      Origine et classement du fonds

      Les Archives départementales de la Gironde ont reçu les archives de la collection qui représentent un ensemble de 1231 documents manuscrits autographes ou imprimés, 162 portraits originaux ou photographiques de personnages dont 93 gravures originales, 75 gravures ou dessins originaux sur un ensemble de 245 pièces relatives à des scènes et personnages anonymes du XVIe au XXe siècle, 48 cartes ou plans anciens portant sur les Antilles (Guadeloupe, Guyane, Martinique et Saint-Domingue) dont la plus ancienne remonte à 1587, 34 affiches de 1719 à 1848 et 39 affiches contemporaines de 1965 à aujourd'hui.

      L'ensemble de ces documents est accompagné de la correspondance passive de Marcel Chatillon, ainsi que de ses dossiers de documentation historique constitués exclusivement de copies de documents qu'il a collectées soit à la Bibliothèque nationale, soit aux Archives nationales ou au Service historique de la marine à Vincennes, dans le but de faire des acquisitions futures.

      Le fonds documentaire iconographique dévolu aux Archives départementales est pour la majeure partie constitué d'extraits de L'Illustration ou du Magasin pittoresque, mais aussi de photographies de gravures, dessins, estampes et tableaux reproduisant la partie du lot léguée au musée d'Aquitaine. Quelques pièces originales sont cependant à signaler parmi lesquelles figurent celle de Lucas représentant une jeune noire albinos de Sainte-Lucie datée de 1782, ou ce dessin de paysage de la Guyane fait en 1837 par le prince de Joinville, fils de Louis-Philippe Ier, lors de son voyage en Amérique du Sud, ou encore cette affiche satyrique de Louis-Philippe et d'Abd El-Khader parue en 1848.

      Intérêt du fonds

      L'intérêt du fonds repose sur la présence de quelques ensembles de documents cohérents, tels que les papiers de colons de Saint-Domingue (Fleuriau, Seris), la correspondance de Louis de Curt, représentant officiel de Louis XVIII dans les Antilles pendant les années cruciales de la Révolution, la riche collection de lettres du général Kerverseau, basé à Santo Domingo, adressées au général Leclerc pendant le déroulement de l'expédition de Saint-Domingue en 1802.

      A cela il faut ajouter l'existence, au milieu de dossiers thématiques, de documents historiques exceptionnels comme le Mémoire du Roi aux sieurs de Champigny et de La Croix, respectivement gouverneur et intendant des îles du Vent (Martinique et Guadeloupe), daté de 1737. Il s'agit en réalité des instructions officielles de Louis XV à ses représentants. On remarquera aussi des documents maçonniques rarissimes provenant de Saint-Domingue au moment de la Révolution, des exemplaires de journaux créoles de Paris de 1792 à 1794, un mémoire autographe de Dumouriez sur Saint-Domingue, des lettres autographes d'Alexandre Dumas et Victor Schoelcher, un billet de l'empereur Napoléon en 1811 au sujet de Santo Domingo, deux lettres très rares de Jérôme Bonaparte, commandant du vaisseau l'Epervier aux Antilles lors de l'expédition de 1802, plusieurs lettres de Toussaint Louverture et de ses lieutenants Christophe et Dessalines au moment des derniers combats de 1802-1803.

      La richesse de la collection est particulièrement significative dans le domaine figuré : Marcel Chatillon a recueilli par exemple un lot remarquable de cartes anciennes des îles des Antilles depuis le XVIIe siècle jusqu'à la Révolution. Quant aux nombreuses photographies reproduisant les gravures et estampes léguées au musée d'Aquitaine, elles montrent le travail patient et relativement exhaustif du collectionneur dans sa volonté d'accumulation de représentations visuelles de la négritude et de l'indianité d'Amérique depuis le XVIe siècle. Au total, nous sommes en présence d'un fonds pouvant permettre l'approfondissement de nombreuses recherches sur la période coloniale et celles des Révolutions. Figée en l'état où la mort de son propriétaire l'a laissée, la collection a maintenant à affronter le défi de sa diffusion publique.

      L. B.

    • Mode de classement

      Le fonds a été classé selon une répartition géographique lorsque l'origine et le sujet des documents le permettaient ; les pièces manuscrites et les documents imprimés extraits de journaux ont été regroupés chaque fois que cela était possible. La plus grande partie de la collection concerne les Antilles françaises et Haïti. A été classé sous le thème générique de Marine l'ensemble des pièces relatives à l'activité maritime en général quelle que soit la région du globe.

      L'origine des documents, par nature très disparate, n'a pu être reconstituée que dans un petit nombre de cas : deux ventes publiques importantes ont permis à Marcel Chatillon, semble-t-il, d'acquérir d'importantes pièces de sa collection, celle de Londres chez Sotheby's le 17 février 1958, où ont été dispersés les papiers Rochambeau et où il fait l'acquisition d'une partie de ses pièces relatives à Toussaint-Louverture et à l'expédition Leclerc, celle d'Orléans du 9 juin 1975 où a été vendu un important lot de papiers de la famille Beauharnais, renfermant des pièces de correspondance de l'impératrice Joséphine ainsi qu'un fragment du récit de l'exploration de Louis Jolliet au Labrador. Nous savons aussi par exemple que la correspondance manuscrite de l'écrivain guyanais René Maran a été acquise auprès de la maison Charavay en 1974 ; que le passeport délivré par le gouverneur espagnol de Louisiane en 1801 juste avant la cession à la France provient du marchand d'autographes Alain Brieux, que le compte d'armement du navire négrier nantais la Musette en 1790 a été acquis chez le libraire Roux-Devillas en 1971, que la lettre de l'esclave Angélique a été achetée lors d'une vente publique de l'étude Tajan à Drouot le 14 juin 1981. Pour le fonds Fleuriau et les papiers Curt, les informations recueillies sont en revanche plus vagues en l'absence de documents conservés dans la correspondance de Chatillon. On sait seulement que les fonds ont été acquis par Marcel Chatillon auprès de la comtesse de Fleuriau à La Rochelle entre 1966 et 1972 : l'historien Gabriel Debien signale en 1966 qu'il a pu consulter les documents au domicile du propriétaire lors d'une communication au congrès des sociétés savantes de Rennes et il mentionne six ans plus tard leur présence dans la collection Chatillon pour son article sur les papiers privés sur l'histoire des Antilles. La même incertitude règne pour les quelques lettres envoyées à Brissot qui ont dû être acquises auprès du propriétaire privé par Marcel Chatillon dans les années 1980 avant la vente du fonds aux Archives nationales.

      On observera néanmoins que pour l'immense majorité des pièces, l'on ignore leur valeur d'origine et leur provenance, ce qui a compliqué le travail archivistique. Quoi qu'il en soit, Marcel Chatillon a parfois mentionné quelques indications relatives au classement qu'il souhaitait réaliser pour ses archives dont la plus grande partie était conservée dans son appartement parisien, sous son lit, à l'intérieur de tiroirs spécialement aménagés. Si ce classement n'a pu finalement se réaliser du vivant de Chatillon, le travail présenté ici constitue cependant un essai de reconstitution logique qui entrait dans les vues du créateur de la collection.

    • Statut juridique
      Archives privées
    • Modalités d'accès

      Le docteur Chatillon avait cherché, chaque fois qu'il le pouvait, à collecter des pièces importantes au titre de l'histoire générale, mais aussi de nombreux documents dont la valeur reposait souvent sur la signature. En raison de la présence de pièces précieuses (autographes ou documents figurés), souvent parvenues dans un état dégradé, l'ensemble est appelé à faire l'objet d'une communication au public sous forme de microfilm et d'images numérisées.

    • Sources complémentaires internes

      Collection Delpit, ms n° 141, mémoire de Victor Hugues sur la Guyane, 1822

    • Bibliographie